LETTRES de BABEL
Corinne Laroche et Didier Béquillard invitent Anke Becker, Sylvie Bonnot, Michéle Cirès-Brigand Vincent Dulom, Frédéric Dumond, Mieke Fokkinga Koyo Hara, Philippe Judlin, Guy Pimienta, Roland Schär et les éditions peuplier
Vernissage samedi 25 janvier 2014 à partir de 15h Exposition du 25 janvier au 2 février 2014
de 15h à 20h dimanches inclus
17 rue de la Pierre levée 75011 Paris code porte 7A832, sur cour Interphone Laroche
Corinne Lettres de Babel Corinne Laroche – Didier Béquillard 13 novembre 2012,Toulouse, Fondation Écureuil. Je me trouve sous des voûtes de briques, face à un échafaudage d’éléments en bois proliférant entre verticalité de pilotis de niveaux différents (jusqu’à environ 2m) et horizontalité de formes aériennes fines et plates, réparties sur ces pilotis, plus ou moins superposées, décalées, parsemées. Un jeu d’ombre et de lumière, passant à travers des trous percés sur les surfaces plates, opère des re-découpages, démultiplie et redouble ce qui se dessine ici : “Babel” est une pièce que l’artiste, Didier Béquillard, a réalisé pour sa par- ticipation à l’exposition “Topos”. Didier est un ami et nos échanges d’atelier et discussions se prolongent depuis bien des années. En découvrant “Babel”, l’oeuvre physique, le titre et son installation, mes pensées cheminent vers le mot, son évocation historique et symbolique en même temps que sa forme, sa prolifération, sa spatialité. Plus tard me vient l’idée, l’envie, d’inviter Didier à une nouvelle installation de sa pièce dans mon atelier à Paris. Le titre “Babel” évoque en moi tout un monde sauf celui d’une présentation “solitaire” ; je propose donc à Didier de lancer des invitations à d’autres artistes pour que ce monde-là soit toujours plus visible / lisible dans un foisonnement et une altérité. Didier Pour répondre à l’invitation de Corinne Laroche et à mon tour convier d’autres artistes à une exposition commune, je me dois ici de présenter les croisés de chemins qui m’ont mené à “Babel” et qui ouvrent le thème de l’exposition. En 2008, lors de ma participation à une triennale d’art contemporain à l’ile Maurice, je lis Le chercheur d’or de Jean-Marie le Clezio à Flic en Flac, l’endroit même décrit dans le roman. Ce roman est un jeu de pistes, de plans, de cartes, de terrain. Je suis frappé par la fulgurance des lézardes typographiques qui traversent les pages ; des lignes blanches s’insinuent entre les mots, ruisseaux, pistes à suivre. Je les trace au crayon ; le texte se transforme en carte typographique, en territoires, cadastres, îles, pays. Plus tard, la coïncidence d’une lecture des Città Invisibili d’Italo Calvino avec la découverte d’un alphabet braille m’inspire la traduction d’un extrait du livre et produira “Babel”. Le code braille détourné, le changement d’échelle, les picots remplacés par des trous, génèrent des formes uniques pour chaque ville. Les formes sont percées et découpées dans du MDF. Toutes les “forme/ville” sont connectables entre elles. L’ensemble est un modèle de la “ville monde” sans hiérarchie, vertical comme dans le mythe, mégastructure horizontale comme dans l’architecture de Constant ou de Yona Friedman. Babel est en expansion, elle tend vers la somme infinie des villes, dans le foisonnement et la dilution du sens, elle les rend à la fois visibles et invisibles. C’est dans cette fissure entre visible et invisible que se révèlent des territoires dont les noms s’effacent au fur et à mesure que l’on tente de les écrire.