co-commissariat avec Emmanuel Adely
© Oriana Eliçabe
L’exposition « Para Doxa, hétérodoxies de l’événement » est conçue en écho à la commémoration du 17 octobre 1961, jour où de nombreux (des dizaines à centaines selon les sources) Algériens furent tués par la police française alors qu’ils rejoignaient Paris depuis la banlieue pour une manifestation pacifique contre le couvre-feu. « Para Doxa, hétérodoxies de l’événement » réunit des artistes et des écrivains qui, chacun selon ses positions, évoquent des événements historiques (répressions, faits d’actualités, moments historiques…) en en changeant les axes de lecture, en proposant des dispositifs de représentation en dissidence de l’opinion commune.
La problématique de l’exposition est liée à la construction du récit historique (scientifique, médiatique) et du rôle des artistes dans celui-ci. Les œuvres interrogent tour à tour les limites entre le réel et la fiction ; la représentation de l’événement et les traitements de l’information.
« Cette exposition se présente comme un parcours a-historique mais très documenté sur ce qu’est un événement, qu’il ait été vécu par celui/celle qui le représente ou qu’il soit représenté au plus précis de ce qu’il fut. Chaque pièce travaille la mémoire de l’événement selon les modes de chaque artiste, mais de manière à en donner une représentation précise, singulière, juste, peut-être au plus près de ce qu’il a été, même s’il n’y a jamais prétention historique. Ce qui compte à chaque fois est de faire exister à nouveau un présent disparu. Cette exposition, initialement liée à la commémoration du 17 octobre 1961, donc à la répression d’une manifestation pacifique organisée par le FLN à Paris et qui s’est conclue par la mort de nombreux Algériens, pour beaucoup jetés à la Seine par la police française au pont de Neuilly, se veut aussi en écho au vendredi 11 mars 2011, jour du tremblement de terre qui a frappé le Nord-Est du Japon et abouti aux conséquences nucléaires que l’on ne sait pas encore, ainsi qu’à l’ensemble des révolutions, révoltes, contestations, manifestations qui ont secoué le Sud du bassin méditerranéen depuis décembre 2010 elle est placée sous le signe de l’événement, sous le signe de l’être au monde dans la mesure où les artistes sont vecteurs de représentations et critiques exacerbés du « ce qui a lieu » (FD).
Le dispositif scénographique sera divisé en 4 salles. La première présentera des installations des artistes plasticiens commissaires invités. « et alors » de Frédéric Dumond sera une installation d’inventaire historique des dates de répressions en lettrages adhésifs sur un long mur. Une table présentera un journal de l’exposition édité à l’occasion et des ouvrages d’écrivains contemporains relisant l’actualité. « no more reality » d’Emmanuel Adely est un centon (sorte de revue de presse) du quinquennat en cours. Il sera video projeté dans cette salle. la vidéo « No more relity » de Philippe Parreno y sera également diffusée sur un écran plat.
Une deuxième salle présentera « La bataille d’Orgreave » de Jeremy Deller. Le village d’Orgreave, en Angleterre, fut, en 1984, le théâtre de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les mineurs en grève. 20 ans plus tard, près de 800 personnes sont invités à « rejouer » la Bataille d’Orgreave, à la manière d’une reconstitution historique, sous la direction cette fois de l’artiste et des chefs opérateurs. Mike Figgis en a réalisé en 2002 un film magnifique de 60 minutes, ponctué d’interviews de participants et de photographies d’époque.
Une troisième salle présentera la pièce du duo d’artistes Claire Fontaine, « Visions of the World (Greece, Summer 2006) », 2006, photographie sur caisson lumineux ; un diaporama « Mouvement global » de photographies de l’artiste photographe espagnole Oriana Eliçabe qui a été témoin des manifestations altermondialistes depuis 2001 dont la mort du jeune Carlo Giuliani à Gênes). Une photographie de la série sera imprimée sur bâche (création) ; Une photographie et une pièce sonore « zone rouge » de François Martig sera audible par casque : mixage d’entretiens de témoins ou des gens qui habitent et conservent la mémoire de la zone rouge (titre aussi de la pièce) qui est une des zones des pires destructions de la guerre 14-18.
Une quatrième salle présentera « Vidéogrammes d’une révolution » d’Harun Farocki et Andrei Ujica, film documentaire allemand en couleur de 1992 d’une durée d’1 h 47 sur la révolution roumaine en 1989.
Des textes imprimés de Nicole Caligaris, Arno Calleja, Anne-James Chaton, Sonia Chiambretto, Didier Daeninckx, Emmanuelle Heidsieck, Alban Lefranc, Oliver Rohe, Daniel de Roulet, écrivains seront présentés à Nanterre dans l’espace public sur 8 panneaux électoraux dont 2 à l’entrée du parc des anciennes-mairies à proximité de la galerie.
Des événements sont programmés au cours de la période de l’exposition avec entre autres la projection de : « La Bombe » (48 minutes - 1965) de Peter Watkins et « La commune (Paris, 1871) » (345 minutes, 2000) et une lecture par M’Hamed Kaki.
Les artistes : Ils sont des artistes majeurs de la scène internationale : Philippe Parreno, Jeremy Deller (Lauréat, en 2003, du Turner Prize), Harun Farocki. Cette exposition permet à des auteurs écrivains contemporains de connaître un autre type de visibilité en dehors du circuit traditionnel de l’édition.